M Lazou, administrateur de l'ANPCEN (Association Nationale pour la Protection du Ciel et de l'Environnement Nocturnes) a présenté la vision de son association de l'éclairage public. L'ANPCEN est une association nationale, composée uniquement de bénévoles, qui milite pour la « protection de la nuit ». Elle regroupe 8000 adhérents à travers toute la France.
L'intervenant a mené un état des lieux du « sur-éclairage » en France : le temps d'éclairage a été augmenté en moyenne de 50 % entre 1992 et 2012. La surface éclairée a doublé en 20 ans, de même pour la quantité de lumière émise. L'éclairage public peut provoquer des désagréments importants pour les personnes désirant profiter de l'environnement nocturne, notamment l'observation des astres.
L'expert de l'ANPCEN a décrit les conditions d'un bon éclairage : puissance lumineuse de 80 kilolumens au km maximale, une inclinaison de 0 % des luminaires, une consommation maximale de 5 Mwh/km/an et une distribution spectrale des lampes de 1950K maximale.
L'administrateur a souligné que délinquance et agressions n'augmentent pas avec l'extinction. Par contre, les incivilités diminuent. Il n'existe pas non plus de corrélation entre accidentologie et extinction de l'éclairage.
M Lazou a rappelé que la nuit correspond à un environnement nocturne propre pour la faune et la flore. Elle joue notamment un rôle important dans la régulation des horloges biologiques des êtres vivants. La lumière artificielle peut désorienter les oiseaux, peut épuiser les insectes et a des impacts négatifs également sur les batraciens, les papillons, les mammifères (chauve-souris) et la flore également. L'intervenant a aussi insisté sur les risques de la lumière artificielle pour la santé des humains : dérèglement de l'horloge biologique, altération du sommeil, problème sur la vision à long terme.
Pour conclure, M Lazou insiste sur les bonnes pratiques dans le domaine de l'éclairage public. « Il faut que les élus se réapproprient la question de l'éclairage public et ensuite qu'ils fassent appel à des spécialistes. Il est important d'inclure les enjeux environnementaux dans les calculs économiques. Enfin, il est nécessaire d'attendre des expertises indépendantes sur les produits nouveaux », avant de lancer le mot de la fin « l'accès à la lumière ne signifie pas excès de lumière ! ».
La réunion s'est terminée par un débat entre les élus du territoire. Il a beaucoup été question de l'extinction de l'éclairage public.
A Ottersthal, la commune pratique l'extinction entre minuit et 5h du matin depuis 2012. Denis Schneider, élu de la commune confie « on a éteint du jour au lendemain, on a eu très peu d'opposition, les gens s'en sont peu rendu compte. On fait 25 % d'économie par an sur notre facture d'éclairage public ».
La commune de Saverne a lancé une expérimentation en juillet 2015 sur 400 foyers, Eliane Kremer, adjointe confie « on a préparé cela avec le conseil de quartier. C'était important pour nous que les citoyens soient impliqués. Résultat, nous avons fait près de 8000 euros d'économies [depuis juillet]. Sur l'année, les économies devraient être de l'ordre de 15 000 euros par an pour un investissement de 10 000€ ». En somme, une belle opération économique pour la collectivité ! L'élue savernoise continue « nous avons récemment lancé un questionnaire de satisfaction sur l'expérimentation auprès de la population concernée. Globalement, elle est satisfaite ou très satisfaite dans 90 % des cas. Tous les arguments sont invoqués : « j'ai enfin pu dormir la fenêtre ouverte en été », « ça fait des économies pour la collectivité », « c'est bon pour l'environnement ». Les habitants sont donc satisfaits». Stéphane Leyerberger, lui aussi présent, tempère avec humour « Oui, enfin, Eliane, les râleurs c'est chez moi qu'ils vont directement. » Rires de la salle. Avant d'ajouter : « C'est clair qu'il y a quand même quelques réticences chez certains foyers, mais c'est très peu face à la majorité silencieuse qui soutient le projet, comme le montre le retour des questionnaires.»
C'est au tour du maire de la commune de Zittersheim, Claude Kammerer de s'exprimer sur le sujet « On a mis en place l'extinction d'un réverbère sur 3, puis progressivement de 2 sur 3. On a aussi une gestion de proximité et organisée de notre éclairage public. Tous les 3 ans, on change un tiers des ampoules pour éviter les effets de papillonnements de l'éclairage public. En plus ça fait des économies, on n'a pas besoin de faire revenir la nacelle plusieurs fois par année pour remplacer les ampoules défaillantes ». Cet engagement a valu à la commune une récompense de l'ANPCEN, le village est labellisé « une étoile ».
Une soirée riche en échanges sur les bonnes pratiques en matière d'éclairage public. Une bonne source d'inspiration pour les communes qui désirent agir sur leur éclairage public et se donner un peu d'air dans un contexte de baisses des dotations publiques.