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La retraite : Graal ou couperet ?

Chronique Le jour du Sénior n°5 – 10 juin 2015
A 62 ans, ma belle-mère est en pleine forme. Elle pourrait prendre sa retraite depuis 2 ans, mais continue à travailler. Ses raisons ? Elle souhaite rester active, et ne se voit pas retraitée pour le moment. Au contraire, il y a quelques années, mon grand-père a pris sa retraite dès que possible.  
 
Lorsqu’arrive le moment de la retraite, un nouveau choix s’offre à nous : partir à la retraite, ou prolonger notre carrière professionnelle. En 2014, ¾ des retraités ont fait le choix de prendre leur retraite dès que cela leur a été possible. Néanmoins, 1 sur 4 a continué à travailler, et a pris sa retraite plus tard. 

Partir dès que possible ?

oui, car on ne s’épanouit pas toujours dans son emploi : pénible, répétitif, physiquement et moralement contraignant, l’emploi est le moyen d’avoir un revenu. Les individus vont alors rechercher des sources d’épanouissement en dehors du travail. La retraite sonne alors comme la fin du purgatoire.  
Si l’ on a une vie professionnelle épanouissante, on peut souhaiter partir à la retraite pour enfin prendre le temps de réaliser ses projets personnels : voyages, engagements familiaux ou dans le bénévolat…Ainsi, 10% des retraités français se sont installés à l’étranger en 2013. 
Partir dès que possible, c’est l’opportunité de profiter de la retraite plus longtemps. La retraite devient la contrepartie juste, voire avantageuse de « 40 années de bons et loyaux services » .  

Partir le plus tard possible ?

Les résistants à la retraite, « de leur plein gré », se concentrent chez les cadres et professions libérales : qualifications élevées, travail varié autonomie, liberté d’organisation, responsabilités socialement valorisées, rémunérations motivantes… Quand sa vie entière s’est organisée autour une activité épanouissante, qu’on est en forme et que la société à besoin de compétences éprouvées (cf. ; le cas des médecins libéraux de campagne qui poursuivent leur activité au-delà de 70 ans ), comment comprendre la fin du travail comme une récompense ? 

Le travail, c’est la santé ! Les motivations pour résister aux sirènes de la retraite peuvent être également liées au bien-être. Le travail permet de rester actif, de garder un lien social. Pour certains, le travail est comme un foyer et ils appréhendent de le quitter pour se retrouver à la maison. Ils ont aménagé, pendant 40 ans leur vie autour du travail. Se retrouver, à temps plein, à la maison, seul, pendant que son conjoint est encore actif conduit certains à différer le départ. A l’inverse, se retrouver en face à face avec son conjoint, les enfants partis, en angoisse plus d’un, d’autant que l’espérance de vie ne cessant de s’allonger, il faut se projeter sur 30 à 40 ans après le départ à la retraite… Les chiffres sur les divorces des sexagénaires sont pleine explosion.  
 
Et puis il y a tous ceux- les résistants au départ « malgré eux », qui poursuivent leur activité encore quelques années au-delà de l’âge du départ pour des raisons financières. Il n’est pas rare aujourd’hui de devoir faire face à des charges financières importantes au-delà de 60 ans : allongement des durées de remboursement des crédits immobiliers, accès plus tardif à la propriété, enfants nés plus tard, recompositions familiales successives tec. Le modèle d’une vie structurée, en étapes chronologiques, est révolu.  
 
On le voit, que ce soit par choix ou par contrainte ,le modèle du départ à la retraite, dès l’âge légal, aboutissement rêvé d’une vie de labeur, droit collectif, acquis dans la lutte est désormais chahuté. Comme dans bien d’autres domaines de la vie, c’est un droit qui s’individualise, avec son lot d’interrogations et parfois d’angoisses. « Partir ou ne pas partir, that’s the question ! » 

Les Chroniques
par Aurélie KIMMEL
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