Premier enseignement, l’ESS recouvre des domaines très variés : banque, bâtiment, aide à la personne, enseignement, soins médicaux etc. Historiquement, l’ESS renvoie au statut des structures ; et « social ne renvoie pas à l’activité de la structure mais à sa constitution même : une démarche d’individus, de citoyens qui se regroupent entre eux pour répondre à un besoin économique auquel le secteur privé marchand ne répond pas. C’est le cas des banques ou assurances mutualistes à la sortie de la guerre, des coopératives agricoles, des fondations et...des associations. Ce sont elles qui sont les plus nombreuses en nombre de structures et d’emplois car prépondérantes dans le domaine de l’aide à la personne qui requiert beaucoup de main d’œuvre. La composante « solidaire » est plus floue, elle renvoie à la finalité de l’activité, elle caractérise des structures qui indépendamment de leur statut, proposent de l’insertion par l’activité à des personnes handicapées, en difficulté…
La loi de 2014 va poser une définition claire de l’ESS, si le statut social est une composante réaffirmée, les entreprises commerciales sont également éligibles, sous couvert de recherche d’utilité sociale et de l’application de règles de gestion propres. Cela répond à l’évolution de l’entreprenariat social en Europe où l’on ne connait pas nécessairement le statut associatif. Des individus qui veulent changer le monde via l’activité économique le font via la création d’entreprises commerciales avec un objectif de bien commun.
Plus communément on va se baser sur un faisceau d’indices pour caractériser l’appartenance à l’ESS : une dimension sociale avec un objectif explicite de service à la communauté, une initiative émanant d’un groupe de citoyens, une limitation de la distribution des bénéfices et une structure de gouvernance spécifique avec un degré élevé d’autonomie, un pouvoir de décision non basé sur la détention de capital, une dynamique participative …une dimension économique avec une production de biens ou services, des emplois rémunérés, une prise de risque économique significative…
Quelques données chiffrées pour la France et le grand est permettent de se représenter la réalité économique de l’ESS : Le secteur associatif, loin devant les coopératives puis les mutuelles se taille la part du lion en valeur ajoutée ou en effectif salarié. Et ce sont les domaines de l’action sociale -loin devant, de l’éducation et de la santé qui concentrent l’effectif salarié.
En termes de répartition géographique, en France, la part de l’emploi salarié relevant de l’ESS par rapport au reste de l’emploi est plus élevée dans le nord- ouest et le sud-ouest sans qu’on puisse en tirer une conclusion évidente. Dans le Grand- Est, la zone de Longwy se détache (près de 19% de l’emploi total contre 10% en moyenne en France). Cela peut s’expliquer par la crise de l’emploi industriel qui a particulièrement touché cette région. La part de l’ESS est faible dans la zone de Saverne (6.2%), comme dans le reste du nord de l’alsace si on la compare à la zone de Strasbourg, l’emploi industriel classique étant encore très présent. L’emploi dans l’ESS est fortement féminisé, ce qui s’explique par la prépondérance de l’aide à la personne, du soin et de l’éducation, traditionnellement très féminisés.
Autre tendance, qui appelle à la vigilance selon Stève Duchesne, l’emploi et le nombre d’établissements dans l’ESS connait un décrochage dans le Grand Est dès 2008 plus important que dans le reste de la France. Un décrochage à surveiller, car l’ESS en permettant à des besoins non pourvus par le secteur marchand classique, devient porteur d’innovation économique, en temps de crise.
L’ESS devient désormais un secteur économique stratégique, sa croissance se nourrit de partenariats avec des acteurs hors ESS. les entreprises traditionnelles investissent via la RSE dans le bien commun, les structures de l’ESS travaillent sur leur productivité. Une hybridation des modèles économiques est en cours.
Les compétences entre les deux secteurs s’échangent également : ainsi des cadres et dirigeants en recherche de sens n’hésitent plus à se reconvertir dans ce secteur porteur de sens en y transférant leurs compétences éprouvées en matière de gestion commerciale, industrielle, financière.. Mais attention, devenir salarié dans une structure de l’ESS, n’exclut cependant pas les conflits employeur-salarié, les dérives liées aux condition de travail « le statut ne vaut pas vertu « , rappelle Stève Duchesne. Le secteur attire aussi les jeunes générations ; ceux qui requestionnant la finalité de l’économie, se trouvent en phase avec ses valeurs ou bien ceux qui ont du mal à s’insérer dans leur premier emploi et trouvent des employeurs plus « ouverts » . Si des diplômes de 3 ème cycle sont désormais fléchés ESS, l’hétérogénéité des activités des structures de l’ESS permet d’intégrer des diplômés de nombreuses filières.
*Alsace active accompagne est une association crée en 1996, suite à la crise économique pur stimuler la création d’activité économique. Actrice de l’ESS, elle accompagne et finance les porteurs de projets dans ce secteur.