Si on prend en compte la localisation du lieu d’enseignement, il y a très peu d’étudiants sur le territoire. En effet, nous comptons seulement trois établissements d’enseignement post-bac sur le territoire :
- Le lycée Leclerc à Saverne qui propose un BTS comptabilité et gestion des organisations ;
- Le Lycée du Haut-Barr à Saverne qui propose un BTS Conception et Industrialisation Microtechnique, un BTS Industrie Plastique Europlastic et une licence professionnelle Prototypage de Produit et d'Outillage ;
- L’Institut de Formation aux Soins infirmiers de Saverne, qui prépare au diplôme d’infirmier.
Nous comptions, pour l’année scolaire 2013-2014, 233 étudiants sur le territoire de Saverne, soit moins de 1% des étudiants des 59 642 étudiants bas-rhinois. Strasbourg concentre la quasi-totalité des étudiants bas-rhinois, soit 96% d’entre eux. Ainsi, les étudiants en stage sur le territoire vont suivre, pour leur quasi-totalité, leurs études hors du territoire, notamment dans les grandes villes de l’Est de la France telles que Strasbourg, Metz ou Nancy.
Les entreprises du territoire sont peu présentes parmi les offres de stage proposées sur les différents sites d’annonces (chiffres du 15/05/2016) :
- Sur le site stages-alsace : 4 offres ont été recensées sur le territoire sur les 695 offres présentes,
- Sur le site de l’APEC : 3 offres sur 104 offres recensées en Alsace,
- Site interne de l’Université de Strasbourg : 1 offre sur 40 offres dénombrées.
Néanmoins, d’autres offres peuvent exister, que l’on peut trouver sur les moteurs de recherche ou directement sur les sites des entreprises. Ainsi, entre le 2 décembre 2015 et le 3 mai 2016, nous avons recensé 48 offres sur le territoire. Ces offres provenaient de quatorze entreprises différentes, dont seulement trois employaient moins de 50 salariés. Trois entreprises ont émis 54% des offres de stages. Les cinq entreprises ayant émis le plus d’offres dépassent les 200 salariés. Ces offres concernent principalement des stages de 6 mois dans les domaines du commerce/marketing et de l’ingénierie. Les profils recherchés sont majoritairement des étudiants de niveau bac+5. Très peu d’offres concernent des stages de moins de trois mois (5 sur 48) ou de niveau inférieur à bac+3.
Le nombre de stagiaires accueillis sur le territoire du Pays de Saverne, Plain et Plateau est difficilement mesurable. En effet, bien que la Maison de l’Emploi ait quelques informations, il n’y a pas de recensement général des stages. Recueillir des informations précises n’est donc pas chose aisée. Sur les 18 entreprises contactées, les deux tiers recrutent régulièrement des stagiaires de l’enseignement supérieur. Leurs besoins en stagiaires sont satisfaits, et elles recrutent en majorité via des candidatures spontanées.
Ainsi, bien que les entreprises du territoire de Saverne/Sarre-Union soient peu présentes sur les sites d’offres de stage, nous ne pouvons pas en conclure que les entreprises accueillent peu de stagiaires. Cette idée est renforcée par le fait que seul un tiers des entreprises nous a dit ne pas recruter ou très peu de stagiaires de l’enseignement supérieur, et que la plupart de celles qui en accueillent fonctionnent via les candidatures spontanées.
Des entretiens ont également été réalisés avec un petit nombre d’entreprises. Bien que nous ne puissions affirmer que ces entretiens soient représentatifs de toutes les entreprises, ils donnent néanmoins un aperçu du mode de fonctionnement des entreprises par rapport aux stages.
Ainsi, il en ressort une préoccupation des bénéfices du stage pour les jeunes. Les entreprises ne sont pas dans une logique d’exploitation mais plutôt dans une logique gagnant-gagnant. Les stages sont principalement vus comme une occasion d’apprendre, de se former, d’acquérir de l’expérience, de découvrir l’entreprise. Néanmoins, les entreprises prennent rarement des stagiaires seulement pour rendre service : en effet les stages demandent un minimum d’accompagnement de la part de l’entreprise, et représentent donc un coût. Mais d’un autre côté la mission réalisée par l’étudiant durant le stage n’est pas le seul apport pour l’entreprise. Ainsi, les interlocuteurs ont souligné les apports liés au regard neuf et au questionnement du stagiaire, qui permet à l’entreprise de questionner ses habitudes et d’améliorer ses processus. Accueillir un stagiaire, c’est généralement lui confier une ou des missions intéressantes pour l’entreprise, mais qui ne seraient en général pas réalisées autrement, faute de temps, et sont, d’après elles, intéressantes pour des stagiaires. À ce titre, les missions confiées sont généralement rattachées à un projet de l’entreprise. Si les organisations attendent que la ou les missions soient réalisées, leurs attentes se portent notamment sur ce qu’on pourrait appeler le savoir-être ou l’attitude du stagiaire. Elles portent une grande attention au niveau de la personnalité et du comportement de l’étudiant. Ainsi, s’il y a une opportunité d’embauche, ce sont ces éléments qui seront déterminants.
Concernant l’encadrement, le suivi est en général assuré par le tuteur et peu supervisé par les ressources humaines ou la direction de l’entreprise. L’encadrement du stage devient alors très variable car dépendant totalement des individus. La mise en œuvre effective des intentions des entreprises n’est, dès lors, pas garantie. Cette conséquence est renforcée lorsque le tuteur, qui encadre le stagiaire, n’a pas suivi de formation à ce sujet. Or, il apparaît que seules les plus grosses entreprises choisiraient de les former. Le manque de supervision par les ressources humaines se traduit également par une faiblesse des critères de définition des stages dans les entreprises.
Les relations entre les entreprises et les établissements d’enseignement ne sont pas très développées dans l’ensemble. Les représentants d’entreprise rencontrés nous ont fait part de leurs souhaits d’être plus au contact des établissements d’enseignement. Ces derniers seraient trop déconnectés et trop éloignés des entreprises.
Ces constats sont autant d’éléments qui nous fournissent des pistes pour agir : formation des tuteurs, approche qualitative des stages, renforcement des relations entreprises/enseignement supérieur, etc.